La formation. 2 écosystèmes. 2 logiques. 2 objectifs.
La formation initiale, portée par les universités et écoles de l’enseignement supérieur, enseigne les savoirs fondamentaux sur des disciplines diverses afin de préparer les étudiants à entrer dans la vie active. Elle revendique le marché de la connaissance.
La formation professionnelle développe des compétences nécessaires à la tenue d’un poste, d’une fonction, d’une évolution. Elle revendique quant à elle le marché de la compétence professionnelle.
La formation initiale a depuis longtemps développé une offre de formation continue afin de jouer sur le terrain de la formation profesionnnelle.
La formation professionnelle se substitue de plus en plus à la formation initiale.
Les frontières ne sont plus aussi étanches que par le passé.
Connaissance vs. Compétence professionnelle ?
Pour ceux qui ont suivi des études supérieures à l’université comme c’est mon cas, il faut constater que l’université ne prépare pas à l’entrée dans le monde professionnel. En sortant de l’université, vous ne savez pratiquement rien faire, vos compétences sont donc limités. C’est votre 1ère expérience professionnelle qui va permettre à tout un chacun de monter en compétence professionnelle. L’université apprend en revanche 2 comportements essentiels :
- apprendre à apprendre,
- apprendre à réfléchir et avoir une pensée critique.
Ces softs skills sont plus que jamais importants pour évoluer dans notre monde contemporain, mouvant et incertain, où les convictions valent mieux que les certitudes et où des compétences professionnelles se meurent aussi vite que d’autres émergentes deviennent indispensables.
Les études supérieures nous apprennent donc à réfléchir, compétence prisée dans les comex et postes de management, plus qu’à agir. Alors que le début de carrière est fait d’action et d’exécution et c’est sur ces capacités à faire (et à faire vite et bien si possible) que les jeunes talents sont attendus.
Et c’est ici que la formation initiale a besoin de se ré-inventer, pour ajouter de la compétence professionnelle à la connaissance.
L’exemple le plus célèbre est celui de l’école 42. Une école sans diplôme faisant la nique aux plus prestigieuses écoles d’ingénieurs !
La pédagogie de 42 est plus proche du milieu professionnel (un objectif commun, de l’entraide et de l’intelligence collective) que du milieu universitaire (un amphi, un sachant, un partiel et un classement).
Comment une école gratuite formant en 3 ans sans condition de diplôme à l’entrée permet une employabilité supérieure à une école payante en 5 ans post bac avec une sélectivité ultra rigoureuse ? Click To Tweet
J’ai la conviction que la réponse à cette question réside dans le sentiment d’urgence et dans la quête d’instantanéité de notre monde. Pourquoi recruter un potentiel alors que je peux recruter un compétent ?
Les élèves de 42 ne sont ni plus intelligents, ni plus doués que les élèves d’écoles d’ingénieurs. Ils ont seulement développé des compétences professionnelles utiles au marché du travail. Cela tombe bien, le marché du travail les attendait avec impatience !
Aux Etats-Unis, formation initiale et formation professionnnelle cohabitent…. sur les plateformes de MOOC.
Sur EDx comme sur Udacity, vous pouvez retrouver pêle-mêle des cours de grandes universités comme Harvard, le MIT ou d’entreprises comme Google, Facebook, Microsoft, SAP ou encore Bosch.
Afin de pouvoir disposer des meilleures compétences, les GAFA et consorts se sont associées aux meilleures universités ou à leurs plus éminents professeurs pour concevoir des programmes de formations mixant connaissances fondamentales et compétences opérationnelles.
Le monde de l’université a donc rencontré le monde du travail d’une certaine manière.
En France, j’ai le sentiment que les universités ont des carences dans l’adéquation de leur offre en rapport des besoins du marché. Les écoles de commerce et d’ingénieurs sont certes un peu plus avancés mais n’ont pas trop innové sur leur offre de formation.
Et si l’employabilité était le game changer ?
Pendant que les universités et grandes écoles font la course aux classements et aux accréditations, des acteurs plus récents proposent une approche problem solving assez efficiente.
Plutôt que de proposer un diplôme comme sésame, ils proposent un emploi.
OpenClassrooms en est un parfait ambassadeur. La plateforme de cours en ligne commence sérieusement à ré-orienter la valeur de la formation sur l’employabilité vs. le diplôme. Ils sont peut être en train de créer un Océan Bleu pendant qu’écoles et universités se battent dans un océan rouge en promettant à leurs étudiants des taux d’insertion à XX% avec des salaires toujours plus hauts !
OpenClassrooms propose des formations qualifiantes avec une promesse très engageante : si vous ne trouvez pas de job à l’issue de votre formation, on vous rembourse !
OpenClassrooms a ré-orienté la valeur de la formation vers l’employabilité Click To Tweet
OpenClassrooms ne s’arrête pas là dans sa volonté de disrupter le marché de la formation pour l’emmener vers le marché de l’employabilité.
La plateforme a noué un partenariat avec CapGemini pour mettre sur pied un diplôme de développeur J2EE en alternance. Une formation, un diplôme et un job à la clé, ça fait rêver non ?
Le choix de CapGemini n’est pas anodin. Les grands groupes sont traditionnellement de gros pourvoyeurs de talents sortis des grandes écoles.
S’associer avec un acteur du digital Learning comme OC démontre une réelle volonté de s’investir dans la formation de ses futurs talents. Comme le titre Les Échos, les universités d’entreprises seraient-elles en train de devenir les business schools de demain ?
Que ce soit Mazars avec The Next MBA (diplôme interne) ou PwC qui a créé un parcours sur Coursera au niveau global, certaines entreprises s’affranchissent de l’offre Exécutive des écoles et universités pour créer leur propre cursus.
Ces initiatives sont des marqueurs d’une évolution des pratiques et attentes des entreprises, où la valeur s’est déplacé de la connaissance à la compétence ; du diplôme à l’employabilité.
A l’avant veille de la présentation de la réforme de la formation par le Ministère du travail, l’ensemble des parties prenantes de la formation ( acteurs privés et publics de la formation initiale et professionnelle) doivent se questionner et proposer des solutions nouvelles, efficientes et utiles au développement de l’employabilité. Afin que les 300 000 postes vacants au Pôle Emploi en 2017 faute de candidats soient pourvues par une meilleure adéquation entre la marché de l’emploi et celui des compétences. Le marché de l’employabilité a besoin de tous !
LifeLong Learning, la promesse de l’employabilite à vie
La prochaine étape de la révolution du marché de la formation est sûrement le LifeLong Learning, promesse de former des personnes tout au long de leur carrière professionnelle pour développer connaissance et compétence professsionnelle. Ce sujet émergeant étant tellement passionnant, je vous propose d’y consacrer un prochain article. Stay tuned !