Le récent transfert du jeune attaquant Anthony Martial (de l’AS Monaco à Manchester United) pour 80 millions € (bonus compris) a révélé 3 leçons que le football peut enseigner au monde des affaires.
1. L’art de la négociation
Si HEC cherche une pointure internationale en négociation pour animer les prochains cours magistraux, ils peuvent demander à Vadim Vasilyev, le vice-président de l’AS Monaco. Ce dernier peut se targuer d’avoir vendu Anthony Martial pour 4 à 8x sa valeur marchande au plus mythique des clubs anglais. Alors que l’ensemble des spécialistes s’accordent à dire que le prometteur avant-centre de 19 ans ne vaut guère que de 10 à 20 millions d’euros, Vadim Vasilyev (le bras armé du président Dimitri Rybolovlev) a réussi à valoriser un joueur ayant pour CV seulement 52 matchs de Ligue 1 pour 13 buts… au tarif du transfert de Zidane de la Juventus au Réal Madrid en 2001 (75 Millions précisément). Les époques ne sont pas les mêmes mais la comparaison reste tout de même admise… Et révèle le talent de l’AS Monaco qui a vendu plusieurs joueurs cet été pour une plus value supérieure à 100 Millions €. Chapeau bas !
2.Ne rien lâcher jusqu’à la fin
C’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens ! est une de mes expressions favorites. En football, le mercato d’été débute en Europe entre juin et juillet pour se terminer le 31 août à minuit. En règle générale, les gros transferts (+ de 40M €) se négocient au cœur de l’été. Les dernières heures du mercato sont généralement voués aux bonnes affaires et transferts de dernière minute.
De mémoire, jamais un transfert aussi onéreux n’avait été réglé dans les dernières heures du mercato.
Martial est un jeune joueur qui était suivi par plusieurs grands clubs européens. Manchester United a attendu les toutes dernières du mercato pour officialiser une offre que ni le club (l’AS Monaco) ni le joueur ne pouvaient refuser. Parallèlement, le club anglais s’assurer de ne pas se faire contrer par une surenchère ou une contre-proposition d’un autre club.
3.Les plus riches ne sont pas forcément les meilleurs
La Premier League anglaise est devenu le championnat le plus prolifique du monde. La renégociation des droits TV (pour la période 2016-2019) notamment auprès du diffuseur Sky a permis de faire grimper les droits annuels à 2,3 Milliards €/an. Soit 3x le prix des droits TV de la Liga Espagnole ou de la Ligue 1. Selon les premières estimations, le dernier club de championnat à l’issue de la saison touchera 133M€ : pas mal pour repartir en Championship (l’équivalent de la Ligue 2 en France).
Rien qu’à la fin de la dernière saison écoulée, le club des Queens Park, lanterne rouge de Premier League et reléguée en Championship, s’est vu rétribué près de 90M€ au titre de sa part de droits TV. Pour comparaison, c’est plus que le budget annuel de 16 clubs de Ligue 1… Ou 2x les droits TV reversés au PSG !
La Premier League a donc su exploiter l’attractivité de son championnat. Mais les clubs anglais réussissent autant à valoriser leur championnat qu’ils échouent à gagner sur la scène européenne. En effet, sur les 6 dernières saisons, seul 1 club anglais (Chelsea) a remporté 1 Champion’s League et 1 Ligue Europa. Les trophées ont été notamment trusté par les clubs espagnols.
Ce constat marque une réalité implacable : La Premier League a décidé de privilégier un championnat attractif en redistribuant aux clubs la manne des droits TV avec une équité entre les clubs, le premier touchant seulement 54% de plus que le dernier. A mettre en perspective avec la répartition des droits TV de la Liga espagnole où le Réal Madrid et le Barça se partagent un tiers du gâteau.
En football comme en affaires, le but n’est pas obligatoirement de gagner… Mais de savoir valoriser son fonds de commerce !